Des représentants d'associations soutenues par Action Vivre Ensemble et de la solidarité en Hainaut se sont retrouvés, dûment masqués, pour apprendre à se connaître, s'interroger sur l'urgence climatique et sociale, pour dire leurs rêves les plus fous.

La journée des associations est une institution, pour le mouvement Vivre Ensemble. Elle a normalement lieu chaque année au mois de novembre pour faire se rencontrer les acteurs d'initiatives et de projets retenus par Vivre Ensemble pour bénéficier d'une aide, à l'occasion de la campagne de l'Avent.

En 2020, il a fallu se résoudre à transformer l'événement en une matinée en visioconférence. Il a bien failli en être de même en 2021, alors que les mesures sanitaires se sont à nouveau durcies à l'approche de l'hiver. Mais munis de masques tout au long de la journée, installés sur des chaises éloignées les unes des autres, dans une vaste salle bien ventilée, les participants ont finalement pu se retrouver en toute sécurité dans la Maison pour associations de Marchienne-au-Pont, ce vendredi 26 novembre.

Car pour Vivre Ensemble, ce rendez-vous annuel est l'occasion de sortir le nez du guidon, d'échanger ses expériences, d'apprendre à se connaître entre représentants de l'action sociale en Hainaut. Le thème de cette rencontre était d'ailleurs le sujet de la récente étude réalisée par l'association catholique de lutte contre l'exclusion sociale : « Urgences sociale et écologique - À la croisée des chemins ».

 
Une vidéo réalisée pour illustrer la campagne 2021 d'Action Vivre Ensemble

Et si vous aviez
une baguette magique ?

En petits groupes de 6 ou 7, la trentaine de personnes issues pour la plupart des projets épaulés par Vivre Ensemble ont pris le temps de présenter leur quotidien sur le terrain de l'exclusion sociale et de la pauvreté, de partager leurs enthousiasmes et leurs difficultés. Et c'est ensuite armés d'une baguette magique artisanale qu'elles ont pu, chacune à leur tour, exprimer leur vision de l'avenir et leurs rêves : Comment rêvez-vous votre action dans les cinq années à venir ? Quels messages porter au monde politique en matière d'urgence écologique et sociale ? Comment Action Vivre Ensemble pourrait-elle soutenir votre interpellation ?

Si certains espèrent secrètement voir leur action devenir un jour inutile, ce qui serait synonyme d'une pauvreté en recul, d'autres souhaitent des changements forts dans une situation écologique et sociale qui ne cesse de se dégrader : une collectivité qui prenne le relais du bénévolat, une instruction réellement ouverte à tous, une fiscalité plus équitable et des pollueurs vraiment payeurs, des logements dignes, un seuil de pauvreté revu à la hausse compte tenu de l'évolution du coût de la vie, une valorisation de la réussite qui ne passe pas uniquement par le travail et les critères économiques, la création de lieux de parole pour permettre la sensibilisation aux problèmes de société, la lutte contre les clichés (les « jeunes », les « pauvres »,...). Bref, une démocratie repensée autrement.

Il était trop de fois

Cette belle journée s'est terminée avec un spectacle joué par quelques comédiens de la troupe du Théâtre du Copion, basée dans le Borinage. Son objectif : prendre la parole, la rendre commune et la porter auprès d'un public par la voie de la création collective. C'est ainsi qu'ils ont joué des extraits du spectacle « Il était trop de fois », né d'un atelier d'écriture en 2016 et qui a aussi donné un livre (« Avec tous les sans ») et une exposition de dessins et de photos.

En quelques scènes, on approche au plus près de ces vies de galères, de génération en génération ; de ce qui se vit dans les CPAS, avec des travailleurs sociaux parfois contraints de ne consacrer que quelques minutes à chaque dossier ; des allocataires surveillés, traqués dans leur vie privée ; des migrants ballottés ; des dénonciations de plus en plus fréquentes ; de notre société en voie de déshumanisation.

Devant tous ces obstacles et cette précarité qui peuvent nous décourager, Action Vivre Ensemble ne baisse pas les bras : « Le rôle de Vivre Ensemble, c'est de créer du lien mais aussi de dénoncer, de savoir défendre de vraies idées, de se battre pour défendre des droits collectifs », ont conclu Renato Pinto et Bruno Di Pasquale, responsables de l'antenne hennuyère du mouvement. « Quand une loi n'est pas bonne, il faut se battre pour la changer. Mais nous devons aussi cultiver nos points communs plutôt que de nous focaliser sur nos différences. »

Agnès MICHEL

La troupe du Théâtre du Copion est venue interroger les participants sur les réalités sociales d'aujourd'hui. Des scènes qui ont fait écho chez tous ces acteurs de terrain...